Le contre-transfert en analyse, outil et diagnostic
- adelinehivet442
- 3 oct.
- 2 min de lecture
On parle souvent du transfert en psychanalyse : ce mouvement par lequel le patient rejoue avec son psychanalyste, souvent à son insu, des relations passées. Mais on évoque moins souvent son pendant, le contre-transfert.
Le contre-transfert, c’est l’ensemble des réactions ressenties par l’analyste au cours de l’écoute : ce qui l’émeut, l’agace, le touche ou le déstabilise. Ces éprouvés nous renseignent autant sur nous-mêmes que sur le patient. Car dans le travail analytique, l’analyste devient le support des projections de l’analysant.
Le contre-transfert : obstacle ou richesse ?
Longtemps perçu comme un biais menaçant la neutralité analytique, le contre-transfert est aujourd’hui envisagé comme une source d’enrichissement. Lorsque l’analyste ose l’évoquer – non comme un obstacle, mais comme un appui – il ouvre au patient la possibilité d’explorer un autre mode relationnel et d’élaborer autrement sa problématique.
Selon Harold Searles, le contre-transfert est même le symptôme du patient : un écho vivant de ce qui se joue dans la séance. D’où l’importance d’écouter nos tripes, nos émotions, nos ressentis corporels, afin de laisser remonter cette part instinctive qui éclaire la scène transférentielle.
L’outil diagnostic et thérapeutique
Travailler son contre-transfert permet de mieux comprendre quel scénario interne le patient rejoue, et quel rôle il tente inconsciemment de faire endosser à son analyste. Dans certains cas, l’énonciation du contre-transfert – formulée comme une hypothèse, toujours en lien avec ce que le patient donne à voir – devient une véritable métacommunication.
Cet acte peut aider à mettre en lumière une compulsion de répétition et ouvrir des perspectives nouvelles pour le patient.
Contenance et résonance
Accueillir les pulsions, parfois destructrices du patient, suppose une capacité à contenir sans armure, avec solidité et bienveillance. Comme le souligne Jacqueline Harpman, la contenance ne consiste pas à encaisser passivement, mais à mettre en mots la destructivité, à la reconnaître pleinement.
Transfert et contre-transfert fonctionnent ainsi à l’unisson. Mony El-Kaim a proposé d’appeler cette dynamique la résonance : une rencontre intense, à la fois exigeante et profondément nourrissante, qui transforme les deux protagonistes.
Humilité et supervision
Bien sûr, cette pratique suppose de ne pas travailler seul. La supervision régulière est indispensable, tout comme l’humilité de rester à l’écoute de ses propres mouvements intérieurs. Comme le rappelait Socrate : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. »
C’est peut-être dans cette disponibilité au non-savoir que peut naître la véritable rencontre thérapeutique : une relation structurée mais vivante, bienveillante sans être complaisante, et toujours ouverte à l’impermanence.







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