Pourquoi répétons nous toujours les mêmes schémas?

C’est l’une des questions qui revient le plus souvent en thérapie :

“Pourquoi est-ce que j’attire toujours le même type de relation, pour quelles raisons est-ce que je tombe dans les mêmes impasses et refais exactement ce que je voulais justement éviter ?”

Ce fonctionnement psychique n’est ni de la faiblesse ni de l’aveuglement.

C’est un appel.

Nous répétons parce que l’inconscient cherche la même scène.

Nous croyons choisir une nouvelle personne, une nouvelle histoire, un nouveau départ…

Mais c’est souvent le même décor, simplement éclairé autrement.

Ce que nous connaissons nous rassure et le familier nous apaise.

Or, au fond de nous, une scène ancienne n’a jamais trouvé sa fin.

La répétition comme tentative de réparation

Tant qu'elle n'a pas été analysée, la scène va se répéter.

"Ce qui se répète, c'est ce qui ne cesse pas de ne pas s'écrire"

LACAN

L’inconscient rejoue un scénario pour revivre la souffrance, non de manière stérile mais pour tenter de la transformer et la dépasser.

Jusqu'alors, quelque chose a manqué ou n’a pas été reçu, ni entendu.

C'est pourquoi, et à notre insu, les personnes, les situations et les dynamiques choisies sont similaires à notre vécu.

La répétition est une tentative d’obtenir enfin ce qui nous manque.

Une manière pour notre psychisme de fantasmer une scène différente, précieuse, qui ne ressemblerait à aucune autre et qui cette fois, nous comblerait.

Pourquoi à notre insu ?

Parce que ce n’est pas un choix conscient, mais structurel à notre fonctionnement psychique.

On reconnaît des signaux qui nous semblent naturels, ils font sens et nous attirent, alors qu’en réalité, ils réactivent une empreinte ancienne et un mode d’attachement dans un rapport au manque.

Ce qui fait souffrir aujourd’hui ressemblait, autrefois, à une forme d’amour connue.

Un autre mode de fonctionnement existe-t-il ?

Une évolution est possible lorsqu' on est en mesure de reconnaitre et nommer la scène que l’on répète, au moment où l'on perçoit le fil invisible de la répétition que l'on pouvait apparenter au “destin”.

Le travail thérapeutique permet de mettre à jour l'essence brute de la fixation: l’événement qui se rejoue, la perte, le sentiment de vide et un manque qui s'installe, parfois, vertigineux.

Le rôle du thérapeute est donc capital. Entendre la souffrance et l'accueillir pour la nommer et la reconnaitre.

Le patient puise dans la thérapie un retour narcissique pour se sentir reconnu, au même titre qu'un enfant a besoin de voir dans les yeux de sa mère sa propre image pour se sentir vivant.

Lorsque l'on peut enfin regarder ce passé au lieu de le rejouer, quelque chose en nous prend forme, respire et se libère.

S'offre ainsi à nous la possibilité d'un regard nouveau sur le monde qui nous entoure.